Les autres langues

 

À la fin de ses récitals, Nana aime interpréter un chant national. Par exemple, au Québec, elle choisit "Un Canadien errant" et en Australie "Waltzing Matilda". Là où elle ne parle pas la langue, elle écrit le texte phonétiquement sur une feuille et en étudie le thème. Certaines de ces chansons sont commercialisées. D'autres, inédites. Après avoir présenté ses huit répertoires (français, anglais, grec, allemand, espagnol, italien, portugais et néerlandais), je consacre ce texte aux autres langues. Chacune, classée selon ses origines: l'Europe, l'Afrique, l'Asie et l'Océanie. À celle-ci s'ajoutent les vocalises.

 

E U R O P E

Nord

GAÉLIQUE

À l'époque de ses shows télévisés à la BBC, Nana s'intéresse au folklore des îles britanniques. En 1971, elle reçoit l'ensemble The Pattersons et propose de chanter en gaélique avec eux. Ils lui enseignent "Báidín Fheilimí" (Le petit bateau de Feidhlim's), une chanson traditionnelle venant de l'île de Gola. Nana l'apprend et offre une superbe prestation.

GALLOIS

Le répertoire de Nana compte deux titres gallois. Chacun est interprété en partie dans la langue originale et en anglais:

"Ar hyd y nos" (Pendant toute la nuit), un chant de chorales traduit en plusieurs langues parfois considéré comme un cantique de Noël. Sur le premier enregistrement, il termine "All through the night". Sur le deuxième, il le commence.

"Suo Gân" (Berceuse) est souvent adapté pour les interprètes classiques. Il forme la première moitié de "Lullaby".

Les deux sont parus dans l'album "Songs of the British Isles" en 1976.

DANOIS

À partir de 1980, Nana se produit au Danemark. À chaque fois, elle intègre un chant du pays à son programme et invite le public à chanter avec elle.

Tout d'abord, "I Skovens Dybe Stille Ro" (Dans le calme silencieux et profond de la forêt), un des plus célèbres classiques danois.

Ensuite, plus souvent, la berceuse "Den Lille Ole med Paraplyen" (Le petit marchand de sable avec le parapluie). En 1988, pour la télévision, Nana en chante un extrait a capella.

 

Est

BULGARE

En 2003, lors d'une visite organisée par l'UNICEF, elle participe à un talk show. L'animateur lui demande de chanter dans la langue du pays. Nana accepte même si elle n'a eu que quelques heures pour apprendre une chanson: "More pile, slavey pile" (Poulet de mer, poulet de nuit). Les deux choristes qui l'accompagnent sont surprises de sa performance.

 

Méditerranée

NAPOLITAIN

Au cours des années 60, Nana se rend régulièrement en Italie afin de faire la promotion de ses divers 45 tours. C'est alors qu'elle apprend une chanson napolitaine: "Io te voglio bene assaie" (Je t'aime tant). Son origine remonterait à 1839, mais elle devient célèbre à travers le pays en 1956 lorsque le barython Rino Loddo l’interprète en direct à la radio nationale. Nana la chante pour la première fois en 1967 à la télévision italienne. Bien que le napolitain ait été longtemps considéré comme un dialecte, il est maintenant reconnu comme une langue.

CORSE

En 1992, Nana rassemble plusieurs chansons d'origines méditerranéennes en différentes langues. Elle en choisit deux en corse:

"Barbara fortuna" (Barbara chance), un chant traditionnel évoquant le départ forcé du pays natal. Il est surtout repris par des ensembles polyphoniques d'hommes. Le groupe le plus célèbre porte son nom et est composé de quatre membres.

"Seri sera" (Seri soir), une autre chanson polyphonique, plus folklorique et festive, souvent accompagnée de violon.

Les deux figurent sur le CD "Côté sud * Côté cœur".

CATALAN

En 1659, le traité des Pyrénées coupe la Catalogne en deux et sépare les amoureux. Une jeune fille demeure du côté espagnol tandis que son fiancé se trouve en France. Tous ses rêves s'envolent avec "El rossinyol" (Le rossignol) pour qui les frontières n'existent pas. Nana l'a apprise par la chanteuse de folk Joan Baez. Elle l'interprète à la fin de ses récitals à Barcelone en 2008 et 2014. L'enregistrement, encore inédit sur CD, est disponible en téléchargement sur Internet.

LATIN

Comme quatrième langue méditerranéenne, on pourrait penser au latin. Bien que ce soit une langue morte, Nana y a enregistré quatre chansons.

En 1972, deux "Ave Maria" voient le jour dans un album de Noël. Sans doute pour conserver le cachet religieux, ils sont chantés en latin. Ce titre, international, figure sur la couverture de certaines compilations. Les premières années, Nana interprète surtout "Ave Maria" (Gounod) dans ses concerts et à la télévision. En 1999, elle le réenregistre. "Ave Maria" (Schubert), plus lyrique, ne connaît qu'une seule version originale en latin. Plus répandu, il complète son premier album classique. Nana le chante parfois presque a cappella, comme au théâtre d'Hérode Atticus en 1984.

En 1987, un troisième titre en latin paraît. "Ave verum (corpus)" (Je vous salue, vrai corps) évoque la célèbre prière de Mozart sur une musique inspirée de Carmina Burana de Carl Orff.

Finalement, en 1999, pour son second album classique, Nana décide d'enregistrer "Panis angelicus" (Le pain des anges). Ce chant d'église est repris par les plus grands interprètes.

 

A F R I Q U E

ARABE

Par souci de perfectionnisme, Nana met des années avant de se décider à chanter en arabe. "Salma Ya Salama", (Je te salue Ya Salama), parue en 2018, est l’œuvre du chanteur et compositeur Sayed Darwich. Elle évoque les Égyptiens en quête de paix. En l’enregistrant, Nana rend hommage à Dalida qu’elle aimait beaucoup et qui l’a popularisée en plusieurs langues en 1977.

SWAHILI

En 1998 et 1999, Nana se rend au Kenya pour soutenir les projets de l'UNICEF. En visitant une école, des enfants lui apprennent "Malaika" (Ange), la chanson la plus célèbre de l’Afrique de l’est. Celle-ci a été popularisée dans le monde entier par Miriam Makeba. En 2000, Nana l'inclut dans certains de ses récitals.

MALGACHE

À l'annonce de son unique concert au Madagascar, en 2015, Nana promet d'interpréter un chant dans la langue locale. Elle choisit "Tsy Hay Hadinoina" (Inoubliable). Le public, heureux, a du mal à se contenir. C'est pourquoi sa prestation est accompagnée d'applaudissements intermittents.

A S I E

Proche-Orient

HÉBREU

À l'automne 1964, pour la première fois, Nana accompagne Harry Belafonte dans une tournée de collèges aux États-Unis. Ils chantent en duo la célèbre berceuse "Ly la ly la" (Nuit, nuit). Quatre ans plus tard, elle la fait en solo pour sa série d'émissions de variétés à la BBC. L'année suivante, dans ses spectacles. En 1992, elle l'enregistre. Et en 2014, lors d'un récital à Tel Aviv, elle l'interprète en duo avec sa fille Lénou.

Au printemps 1971, Nana reçoit Mike Brant à son émission. Ensemble, ils chantent "Erev shel shoshanim" (Soir de roses). Plusieurs artistes internationaux ont enregistré cette chanson d'amour. Comme la précédente, elle fait partie de son album de chansons méditerranéennes.

TURC

En 1985, pour la télévision allemande, Nana accepte de se joindre au rocker turc Cem Karaca. Chacun interprète sa partie de "Opa ni-na-nai" dans sa langue maternelle. Ce n'est qu'en 2014, lors de son passage à Istambul, que Nana ose le faire en turc avec Lénou. C'est avec plaisir que les fans chantent avec elles "Üsküdar'a gideriken (Kâbitim)" (En allant à Üsküdar (Mon secrétaire)). Ce chant folklorique date de la guerre de Crimée qui opposait l'Empire russe à des pays occidentaux.

 

Extrême-Orient

JAPONAIS

Le japonais, c'est généralement la première langue non européenne dans laquelle les interprètes enregistrent. Pour Nana, on a adapté deux chansons de son répertoire: "Sherubûru no amagasa" (Les parapluies de Cherbourg) et "Kie uselta yu me" (Rêve perdu), (traduction de "Il est passé").

Également, "Aka Tombo" (Libellule rouge), une berceuse japonaise. Un adulte y raconte que tout petit, il voyait des libellules rouges au soleil couchant. Celle-ci est reprise par une multitude de chorales, d'orchestres symphoniques et d'interprètes classiques. Nana l’enregistre à l’intention d’une émission de Noël en 1975.

CORÉEN

En 1987, lors d'un vote, les Sud-Coréens choisissent les plus belles mélodies du siècle. La chanson grecque "Me t'aspro mou mantili" figure parmi elles. Plusieurs interprètes, accompagnés à la guitare, la rajoutent à leur répertoire. Pour sa tournée d'adieux, Nana en enregistre une version dans la langue nationale afin de remercier ce public. Elle porte le titre de "Hayan Sohn Su Gun" (Mouchoir blanc).

VIETNAMIEN

En décembre 1996, Nana, l'ambassadrice de l'UNICEF, est invitée à Hanoi pour le 50e anniversaire des Nations Unies. Le soir du gala, elle donne un mini récital devant la vice-présidente de la République, Mme Nguyên Thi Bình, les membres de son gouvernement, les représentants de l'ONU et des ambassadeurs. Pendant qu'elle entonne "Plaisir d'amour" a capella, la vice-présidente joint spontanément sa voix à la sienne. Pour la remercier, madame Nguyên lui chante une berceuse vietnamienne. À sa surprise, Nana lui rend la pareille en l'accompagnant.

MANDARIN

En 2001, lors du concert "Bravo China" présenté à Athènes, Nana interprète deux chansons en mandarin: "Wān wān de yuèliàng" (Croissant de lune) en duo avec Liu Huan et "Eternal Love" avec Liu Huan, Ying Huang et Mario Frangoulis.

En 2008, deux titres dans cette langue paraissent sur le CD 2 "In Asia" de la compilation "The Ultimate Collection": "Bai Mu Dan" (Pivoine blanche), une ancienne chanson. Nana l'avait interprétée lors de ses deux concerts à Taipei en 2005. "Yue Liang Dai Biao Wo De Xin" (La lune représente mon cœur), un succès de la célèbre chanteuse taïwanaise Teresa Teng.

 

O C É A N I E

MAORI

En 1976, dans l'un de ses shows télévisés à la BBC, Nana trouve une façon originale de saluer son public néo-zélandais. Elle apprend un chant maori: "Haere Mai e ngā iwi e" (Bienvenue toutes les tribus).

Pendant ses tournées de 1985 et 2005 en Nouvelle-Zélande, elle interprète "Pokarekare Ana" (Les vagues déferlent). Cette chanson d'amour fut popularisée pendant la Première Guerre mondiale par les recrues de l'armée maorie. Nana l'a apprise en écoutant la soprano Kiri Te Kanawa.

HAWAÏEN

À la suggestion d'un fan américain, Nana écoute un titre du duo Hapa. Conquise par la douceur de "Lei pikakei" (Lei de jasmin), elle décide de l'inclure dans son album "Forever young". Cette mélodie chantée en partie A Capella évoque le collier hawaïen de bienvenue. L'hawaïen constitue la 19e langue étrangère chantée par Nana.

 

V O C A L I S E S

Le répertoire de Nana est si vaste que même après avoir classé ses chansons par langue, il reste encore des titres. Ce sont celles sans paroles. On en dénombre dix.

Nana fait un premier essai en 1968 devant les caméras de la BBC en chantant l'air de "Bachianas Brasileiras No 5" avec John Williams à la guitare. Deux années plus tard, elle enregistre "Epilogue" de Manos Hadjidakis. En 1973, elle improvise avec succès sur "Jazz Scat" pour la deuxième chaîne française. À Londres, lors de sa série télévisée de 1976, elle accompagne a capella l'ensemble vocal Swingle II sur "Bourrée" (Bach). Et dans son "Numéro un" de 1981, elle fredonne l'air de "Im Prater".

En 1985, en vue de ses cinq prochains albums, Nana adapte la pièce de guitare classique "Recuerdos de la Alhambra" de Tárraga. Sa voix et son émotion en font un chant universel. Celui-ci sort en 45 tours dans 11 pays et paraît dans son premier recueil classique vendu à des millions d'exemplaires. Une compilation espagnole porte même son nom.

Suite à ce succès international, plusieurs autres vocalises sont enregistrées. En 1988, "The lonely shepherd" avec Gheorghe Zamfir et sa flûte de Pan et "Adagio" d'Albinoni. En 1997, "Romance" du film "Jeux interdits". Et en 1999, "Choeur des murmures" de Puccini.

 

UNE MULTITUDE DE LANGUES

Au cours de ses 60 ans de carrière, Nana a chanté dans une multitude de langues. Elle-même doit en ignorer le nombre. Avec celles mentionnées dans le présent document, on en compte 27. Mais il y en a certainement d'autres. D'ailleurs, Nana a déjà déclaré avoir chanté en suédois et en russe. Certains articles de presse mentionnent également l'iranien et le thaï. Mais comme il n'existe pas forcément d'enregistrements de ces chansons, il faut donc poursuivre les recherches.